Frédéric HÉBRAUD
 Frédéric HÉBRAUD

Ce que l’on donne à manger aux chats

Depuis une trentaine d'années, l'alimentation des chats avec des croquettes s'est généralisée.

 

Le côté pratique a séduit le consommateur: un sac de 2 kg de croquettes nourrit un chat pendant un mois; la nourriture ne s'altère pas si on la laisse dans la gamelle  dans la journée, le chat pouvant grignotter selon ses envies.

Aucune préparation n'est nécessaire.

 

L'aspect financier a été aussi un élément essentiel du succès de ces produits: le coût journalier de l'alimentation du chat varie de 30 centimes à 90 centimes d'€ selon le circuit de distribution.

 

L'aspect médical a été mis en avant en s'assurant de la caution vétérinaire dont l'image était excellente parmi les propriétaires d'animaux. Ces derniers ont été aussi largement rassurés par la caution des autorités sanitaires, françaises et européennes, quant à la qualité de ces produits.

 

Qu'en est-il, en réalité, de la "qualité" de cette alimentation ?

 

Est-elle aussi "complète" et "équilibrée" que ce que les multinationales veulent nous faire croire?

Pour cette évaluation, nous comparerons trois présentations "haut de gamme" distribuées en circuits spécialisés (vétérinaires, animaleries, sites Internet animaliers), une présentation "moyen de gamme" et une "bas de gamme" distribuées en Grandes Surfaces.

 

Ces produits sont fabriqués par les trois principales multinationales de la Croquette: Nestlé, Mars et Colgate-Palmolive (Hill's).

 

Les ingrédients sont classés par ordre d'importance.

 

La souris étant l'alimentation "idéale" du chat, il faut comparer la qualité nutritionnelle des croquettes avec celle de l'alimentation de référence:

 

 

 

Humidité

*Proteines

*Graisses

*Cendres

*Carbohydrates

 

 

  70%

 

 

57%

 

 

28%

 

 

11%

 

 

2-4 %

 

9

 

35

 

9

 

6

 

52

Viandes de poulet (36 %) et de dinde (total volaille : 54 %) déshydratées, maïs, riz de brasserie, farine de gluten de maïs, cellulose, minéraux, hydrolysat, graisses animales, huile végétale, L-carnitine, DL-méthionine, taurine, vitamines, oligo-éléments et bêta-carotène.

 

**Prix (1kg) : 11 €

7

36

 

14

7

43

Poulet (20 %), gluten de maïs, protéines de volaille déshydratées, riz, maïs, pulpe de betterave déshydratée, graisse animale, racine de chicorée déshydratée* (2 %), œufs déshydratés, sels minéraux, concentré de protéines de pois, gluten de blé, huile de poisson, hydrolysat, levures. prébiotique naturel.

 

**Prix (1kg) : 9.5 €

                 5.5

                   27

 

               13

                 7

                        53

maïs, protéines de volaille (déshydratées), riz, isolat de protéines végétales*, blé, graisses animales, protéines animales (hydrolysées), lignocellulose, minéraux, pulpe de betteraves déshydratées, huile de soja, fructo-oligosaccharides, levures, huile de poisson.

 

 

**Prix (1kg) : 9.2 €

                 7

               38

 

                13

              7.5

                         41

Bœuf (16%), blé (16%), protéines de volaille déshydratées, gluten de maïs, farine de soja, maïs, graisse animale, pulpe de betterave déshydratée, racine de chicorée déshydratée (2%), sels minéraux, hydrolysat, levures (1%), huile de poisson.

 

**Prix (1kg) : 4.5 €

                 6

                   34

                   8

               7

                         51

Céréales, extraits de protéines végétales, produits dérivés de la viande et animaux (4% lapin dans les croquettes brunes et brun clair), dérivés d'origine végétale, huiles et graisses, levures, substances minérales, légumes (1% de légumes dans les croquettes vertes, jaune et orange).

 

**Prix (kg) : 3.2 €

* % de la matière sèche

** Pour un sac de 1.5 ou 2 kg

 

Les proportions de carbohydrates indiquées dans ce tableau (en rouge) ont été calculées. En effet, ce taux n'est pas indiqué sur les emballages. Ceci n'est pas un oubli ou une fraude des fabricants de croquettes: c'est juste la loi!

Les carbohydrates sont le nutriment principal contenu dans les croquettes pour le carnivore qu'est le chat, le chat n'a pas besoin de carbohydrate, mais la Commission Européenne a jugé qu'il n'était pas utile pour le consommateur européen de connaitre le taux de sucre dans l'alimentation de ses animaux de compagnie. Miracle de l'argent et du Lobbying!

Croquettes et détérioration de la fonction rénale

 

  • Les Chats vont se déshydrater dès que le taux d'humidité de la nourriture va descendre en dessous de 61% (Prentiss).

Les croquettes, quelle que soit la gamme, ne dépassent pas 10% d'humidité! Nourris avec des croquettes, les chats ont un volume urinaire environ deux fois moindre que lorsqu'ils sont nourris avec des aliments à 75% d'humidité.

 

  • Le taux de graisses est 2 à 4 fois moindre que dans une souris. Or une alimentation riche en graisse limite les pertes hydriques fécales et augmente le volume urinaire.

 

  • Les quantités de carbohydrates sont particulièrement excessives et vont entrainer des pertes hydriques fécales importantes. Le chat ne les compensera pas par son abreuvement et s'hydratera insuffisamment.

 

Ces taux d'humidité et de graisses trop faibles, ces taux de carbohydrates beaucoup trop élevés, vont réduire le volume urinaire et solliciter anormalement les reins pour réabsorber de l'eau et éviter des pertes hydriques urinaires néfastes à la bonne hydratation du chat.

Cette stimulation excessive des reins va les fragiliser et à moyen et long terme, entrainer une insuffisance rénale.

 

La deuxième conséquence de ce faible volume urinaire sera une augmentation du taux des minéraux dans la vessie.

 

De plus,  la biodisponibilité des minéraux contenus dans les croquettes est bien plus élevée que celle des minéraux contenus dans une souris: un chat mangeant une souris va broyer des os en fragments qui seront éliminés pratiquement en intégralité dans les selles, alors que dans les croquettes, les minéraux sont sous forme de poudre d'os, micronisés, et seront bien plus facilement dissous  et absorbés par le tube digestif, et devront ensuite être éliminés le système urinaire, augmentant encore plus leur concentration dans la vessie.

 

Cette forte concentration urinaire favorisera, dans la vessie, la formation de cristaux, puis de calculs, qui seront responsables d’une des pathologies les plus fréquentes  du chat, le syndrome urologique félin.

 

A noter que des  croquettes « vétérinaires » sont « prescrites » pour traiter l’insuffisance rénale du chat ou l’urolithiase (calculs) qui ont été essentiellement causées par une alimentation à base de...croquettes.

 

Croquettes et équilibre nutritionnel.

 

Les croquettes ci-dessus ont un taux de protéines 40 à 50 % plus faible qu’une souris.

 

De plus, ces protéines proviennent en grande partie de produits végétaux. Les croquettes « Friskies »  contiennent 96 % de produits végétaux et… 4 % de lapin ( !) « dans les croquettes brunes et brun clair »…. On est plus près de l’alimentation de la vache laitière que de celle d’un carnivore strict.

 

Les taux de graisses sont aussi particulièrement bas : deux à quatre fois moins que dans l’alimentation naturelle.

Mais le plus grave pour la santé du chat c’est incontestablement des teneurs ahurissantes en carbohydrates! Alors qu'une souris contient à peine 2 à 4% de sucres, ces croquettes en contiennent de 40 à 53 %!

 

Ici, les critères de santé ne seront évidemment pas pris en compte. Ce qui compte c'est d'optimiser les profits et non pas d'optimiser la santé du chat.

 

Le chat n'est pas physiologiquement capable de métaboliser de telles quantités de carbohydrates. Il les digère mal et son système de régulation de la glycémie n'est pas adapté à gérer un afflux alimentaire de « sucres ».

 

En plus de ses effets néfastes sur le métabolisme de l'eau, de telles quantités de sucre vont favoriser des allergies, de la prise de poids puis de l'obésité, du diabète…

 

Elles vont également modifier le comportement alimentaire du chat. Son estomac représente 70 % du volume de son appareil digestif (25% chez l’Homme): dans la nature, le chat ne mange pas toute la journée et la taille de son estomac lui permet même de ne faire qu’un repas une fois par jour voire tous les deux-trois jours, comme le font également les grands félins. Ceci lui permet de dépenser moins d’énergie pour la chasse et lui évite de s’exposer trop souvent aux dangers extérieurs notamment à ses prédateurs.

 

 Nourris avec des croquettes riches en sucres, le chat se voit obligé de s’alimenter plusieurs fois par jour car la glycémie post prandiale diminuant très lentement, une ration trop importante entraînerait inévitablement et rapidement une hyperglycémie prolongée.

C’est pour cela que le chat d’appartement nourri avec des croquettes va acquérir un comportement de grignotage et manger tout au long de la journée.

 

De plus, le chat doit trouver dans son alimentation tous les acides aminés essentiels dont il a besoin. Le taux de protéines des croquettes est bien inférieur au taux de protéines d’une souris et une grande partie de ces protéines sont d’origine végétale, contenant moins d’acides aminés essentiels que les protéines d’origine animale.

Lorsqu’un acide aminé est limitant, le chat va augmenter le volume de sa ration de manière à ce que l’acide aminé limitant se retrouve dans les proportions minimales, optimales à la synthèse de ses protéines .

 

En devant augmenter le volume de sa ration, il augmente également la quantité de sucres assimilés, avec toutes les conséquences que cela va avoir sur sa santé: obésité, diabète...

 

Il n’existe pas de sucre essentiel pour le chat ! Il y a des acides aminés et des acides gras essentiels mais pas de carbohydrate essentiel.

 

Si Hippocrate  disait « que ta nourriture soit ton médicament et que ton médicament soit ta nourriture », pour le chat la nourriture sèche n'est que source de pathologies et de mauvaise santé.

 

Quand j'étais beaucoup plus jeune, il était fréquent de voir à la campagne des chats très âgés, parfois de plus de 20 ans (jusqu'à 25 ans).

 

Depuis une vingtaine d'année que j'exerce à Paris, la grande majorité des chats arrivés à un grand âge, je les ai vus soit en clinique soit plus récemment dans mon exercice à domicile, toujours dans les mêmes circonstances et chaque fois le scénario est le même:

 

"Bonjour Docteur je vous ai amené mon vieux chat; c'est la première fois depuis bien longtemps qu'il voit un vétérinaire et ce sera la dernière. Il est en fin de vie et je ne tiens  pas à le forcer à vivre davantage ».

 

De vouloir éviter à son chat des souffrances inutiles est tout à fait respectable. Au début on trouve moins respectable cette absence de fréquentation des cliniques vétérinaires et on met cette longévité sur le compte de la chance, d'une bonne constitution génétique ou sur l'absence de stress dont peut jouir un chat dans un appartement parisien.

 

Seulement, devant la fréquence de ces cas, on en vient inévitablement à se poser des questions: on demande à son assistante de chercher dans le fichier clients, les chats de plus de 20 ans que l'on soigne...il y en a, certes, mais ils ne sont suivis qu'épisodiquement, ils ne sont pas ou plus vaccinés quand ils l'ont été, ne mange pas de nos croquettes….

 

Si Hippocrate décrétait "primum non nocere", il me semblait que dans ma pratique quelque chose nuisait à la bonne santé des animaux dont j'avais la charge. En me renseignant auprès de confrères sur la longévité des chats qu'ils suivaient, j'en ai déduit que je n'étais pas forcément la seule cause de cette espérance de vie limitée : les intérêts financiers des multinationales ont dérivé vers la logique de rendre les chats malades pour faire encore plus de profit, et ça ne date pas d'hier.

 

Effectivement, il n'y a qu'une quarantaine d'années que le chat est un animal d'intérieur. Auparavant, c'était un animal d'extérieur, se nourrissant essentiellement du produit de sa chasse. Avec le statut d'animal de compagnie, il a été nourri avec une nourriture d'omnivore, tout comme le chien. Mais le chien a été domestiqué par l'homme il y a de cela  20.000 ans... Il a eu le temps de s'adapter à l'alimentation donnée par ses maîtres. Le chat, lui, n'a pas eu le temps suffisant pour adapter sa physiologie à sa nouvelle nourriture: d'humide elle est brusquement devenue sèche; de type carnivore strict elle a été substituée par une alimentation de type omnivore, avec une majorité de produits d'origine végétale.

 

Les protéines végétales coûtent beaucoup moins cher que les protéines animales, et les carbohydrates encore moins que les protéines. Les fabricants mettront donc le plus possible de produits d’origine végétale donnant des protéines de mauvaise qualité biologique et en moindre quantité que ce dont le chat a besoin, et on gonflera au maximum la quantité de carbohydrates non « essentiels » pour le chat, mais tellement plus bénéfiques aux  profits des fabricants.

 

Cette dérive se retrouve en médecine humaine ou le cynisme pousse certaines multinationales pharmaceutiques à rendre les gens malades pour mieux les soigner ensuite ou plutôt pour les soigner davantage  pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires.

 

On est bien loin d'Hippocrate…

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